Alexandre le Grand, né en -356 est un roi grec de Macédoine et l’un des personnages les plus célèbres de l’Antiquité. Succedant à son père à l'âge de 20 ans, il ambitionne de conquêrir l'ensemble du monde connu. Il commence par assoire fermement son pouvoir sur la Grèce avant de partir en -334 à la conquête de la Perse.
Darius, l'orgeuilleux Roi Perse, pensait qu'il allait facilement vaincre Alexandre et le renvoyer en Grèce chez sa mère.
La Bataille d'Issos
Dans la plaine d’Issos (la Syrie actuelle), l'armée grecque se mesure aux soldats perses. Alexandre triomphe et Darius s'enfuit en Syrie, abandonnant sa mère, sa femme, ses filles et un important butin. C’est la débandade pour les troupes perses.
Alexandre n'est pas Dhoul Quarnain mais un idolâtre
Alexandre prend le contrôle des côtes de la mer Méditerranée afin de couper l'approvisionnement de l'armée perse en mercenaires. Il s'empare de Jérusalem, puis pénètre en Égypte où il est accueilli comme un libérateur. Dans l'oasis de Shiwa, les prêtres du dieu Amon le nomment « fils du dieu » (titre porté par les pharaons), ce qui conforte chez Alexandre l'idée qu'il est protégé par les dieux (ses prétendus ancêtres). Il fonde la première des villes qui vont porter son nom : Alexandrie d'Égypte.
La Bataille de Gaugamèles (en Irak) : l'affrontement décisif entre l'armée d'Alexandre et celle de Darius
Avec près de 277 000 fantassins, 23 000 cavaliers, 200 chars et 15 éléphants de guerre, Darius compte profiter d'une large supériorité numérique, six fois plus grande que les forces opposées. Cette fois ci, Darius oppose à Alexandre les soldats de tout l'Empire. Alexandre aligne 40 000 soldats à pied, dont 31 000 phalangites, et 7 000 cavaliers, certes moins nombreux que les Perses mais parfaitement entraînés et équipés.
Le roi perse prend une seconde fois la fuite et quitte le champ de bataille avec sa garde personnelle. Il sera assassiné, quelques temps après, par l'un de ses généraux.
Alexande se marie avec la princesse et détruit la capitale de l'Empire : Persépolis
II. Conquête de la Perse par le Calife Omar Ibn Khattab
Le Prophète invite le Roi Perse et son peuple à l’Islam et leur envoi un émissaire
Le Prophète chargea certains de ses compagnons de remettre des lettres aux souverains en dehors de la péninsule arabique afin de les inviter à l'Islam. 'Abdoullah Ibn Houdhafa fut choisi pour remettre l'invitation du Prophète à Khosrow, le roi perse.
Après avoir fait ses adieux à son épouse et à son fils, il se mit en route. Seul, il traversa les montagnes et les vallées pour finalement atteindre le pays des Perses.
Il demanda à rencontrer le roi, mentionnant aux gardes la lettre qu'il portait. Khosrow fit préparer sa salle d'audience et convoqua les membres de sa cour les plus en vue. Quand ils furent tous prêts, il fit venir le messager. 'Abdoullah entra. Il vit le potentat perse vêtu de robes flottantes délicates et portant un haut turban arrangé de la plus délicate des manières; tandis que 'Abdoullah portait des vêtements simples et rudes des Bédouins. Il avançait néanmoins la tête haute et d'un pas ferme. L'honneur de l'Islam brûlait dans son cœur et le pouvoir de sa foi faisait palpiter son cœur.
Voyant 'Abdoullah s'approcher de lui, Khosrow fit signe à l'un de ses hommes de prendre la lettre de sa main.
"Non, dit 'Abdoullah. Le Prophète m'a ordonné de te remettre cette lettre en main propre et je ne désobéirai pas au Messager de Dieu.
- Qu'on le laisse s'approcher, ordonna Khosrow à ses gardes".
'Abdoullah s'avança et lui tendit la lettre. Khosrow fit appel à un savant arabe de Hira pour la lecture de son contenu. Il commença ainsi : "Au nom de Dieu, le Bienfaisant, le Miséricordieux. De Mohammad, Messager de Dieu à Khosrow, souverain de la Perse. Que la paix soit sur quiconque suit la guidée."
A peine eut-il entendu ces quelques mots que le visage de Khosrow devint rouge de colère et la sueur commençait à perler autour de son cou. Il arracha la lettre des mains du savant et la tailla en pièces sans savoir ce qu'elle contenait d'autre et cria : "Ose-t-il m'écrire ainsi alors qu'il est mon esclave ?" Il n’avait pas supporté de ne pas avoir son nom précédant celui du Prophète dans la lettre. Il ordonna l'expulsion de 'Abdoullah de l'assemblée.
'Abdoullah fut emmené sans savoir ce qu'il allait advenir de lui. Allait-on l'exécuter ou le libérer ? Il n'attendit cependant pas de le découvrir. Il résolut : "Par Dieu, peu m'importe mon sort alors que la lettre du Prophète a été si mal traitée". Il parvint à retrouver son chameau et s'échapper.
Lorsque la colère de Khosrow se fut apaisée, il demanda à ce qu'on lui amène 'Abdoullah. Mais, on ne le trouvait nulle part. Les gardes perses le cherchèrent jusque dans la péninsule arabique où ils se rendirent compte qu'il les avait devancés. De retour à Médine, 'Abdoullah raconta au Prophète comment Khosrow avait déchiré sa lettre en morceaux. La seule réponse du Prophète fut : "Puisse Dieu déchirer son royaume !"
La Prophétie du Messager d'Allah
Jabir Ibn Samura rapporte que le Messager de Dieu a dit : "Si Khosrow est ruiné, il n'y aura plus de Khosrow après lui et si Ceasar est ruiné, il n'y aura plus de Ceasar après lui. Par celui qui tient mon âme entre ses mains, vous dépenserez leurs trésors pour la cause d'Allah." (Sahih Bukhari)
Omar Ibn al-Khattab et la conquête de la Perse
La première décision que prit Omar Ibn al-Khattab, eu lendemain de son accession au califat, fut d'accomplir ce qu'avait recommandé le défunt calife Abu Bakr : l'envoi d'une armée pour continuer l'ouverture de l'Iraq en terre perse.
Les campagnes d'Iraq contre l'empire perse reprirent de nouveau par la bataille à 'al-jisr (le pont), du nom d'un pont érigé sur l'Euphrate (cha'bân 13H / Octobre 634 ap. JC). Lors de cette bataille, les musulmans subirent une grave défaite à cause d'une erreur tactique. C'est al-Mouthannâ qui sauva l'armée du désastre, en opposant une résistance héroïque sur le pont où les musulmans avaient été piégés. L'armée musulmane comptait 9 000 hommes, dont 4 000 furent alors tués, noyés ou blessés. Deux mille se retirèrent de la bataille, ne laissant avec al-Mouthannâ que 3 000 combattants. Quant aux Perses, ils perdirent 6 000 hommes.
Après cette bataille, al-Mouthannâ renforça ses effectifs, et consolida sa position dans les endroits déjà pris par les musulmans. Il s'avança vers Oullays qu'il reprit puis y installa son campement.
Le calife 'Omar Ibn al-Khattâb fut peiné par la défaite des musulmans dans la bataille d'al-jisr (le pont). Il appela les gens à la mobilisation pour renforcer l'armée d'al-Mouthannâ. Et ce fut la bataille d'al-Bouwayb (Ramadan 13H / Novembre 634 ap. JC). Les musulmans retournèrent la situation en leur faveur, et cette bataille porta un coup décisif aux autorités de l'empire perse, empêtrées dans les divisions et les guerres intestines pour la prise du pouvoir. Les batailles qui suivirent furent des victoires successives et éclatantes : al-Anbâr, la localité de Souk de Baghdad, puis la fameuse bataille d'al-Qâdisiyya en l'an 14H / 635 ap. JC. Cette bataille, dirigée par le Compagnon du Prophète Sa'd Ibn Abî Waqqâs, ouvrira les portes de la capitale de l'empire perse, al-Madâ'in, qui sera prise en l'an 15-16H/ 636-637 ap. JC.
La bataille d'al-Qâdisiyya
Après la bataille d'al-Bouwayb que les musulmans avaient remportée, des événements nouveaux survinrent à al-Madâ'in, la capitale des Sassanides (dynastie régnante en Perse). Les nobles étaient mécontents de Roustam, le chef des armées perses, ainsi que de la politique de la reine Bourdan. Ils craignaient que l'avancée musulmane ne mette en péril l'existence même de leur empire ! Alors ils cherchèrent un autre descendant de Kisrâ qui puisse remplacer la reine, et le trouvèrent en la personne du jeune Yazdgard, qui avait su échapper aux massacres que l'oncle du roi avait organisés pour décimer tous les mâles de la famille royale afin de disposer du trône.
Yazdgard était âgé de 21 ans lorsque les nobles de l'Empire le mirent sur le trône. Yazdgard confia le commandement des armées à Roustam, avec mission de pourchasser les musulmans. Lorsqu'al-Mouthanna apprit que Roustam se dirigeait avec son armée vers al-Hira, il se retira avec son armée, très inférieure à l'armée perse et envoya un courrier urgent à 'Omar Ibn al-Khattâb pour qu'il lui envoyât du renfort.
Le calife 'Omar envoya à ses gouverneurs, dans toutes les provinces, et auprès des différentes tribus, l'ordre d'enrôler toute personne possédant armes et monture, et pouvant être utile aux musulmans. 'Omar aurait bien voulu se porter lui-même à la tête de cette armée, et la masse de la communauté musulmane était d'accord, mais les Compagnons du Prophète (Que Dieu soit satisfait d'eux), ceux que le calife consultait régulièrement (dans le cadre de la choûrâ), lui conseillèrent de revenir sur sa décision, faisant valoir la gravité de l'enjeu, et les conséquences catastrophiques pour la communauté et pour l'Etat en cas d'une éventuelle défaite militaire.
Alors 'Omar acquiesça et ratifia cette dernière position. 'Omar se demanda alors à qui confier une mission aussi périlleuse, nécessitant de la patience, du savoir-faire et de l'honnêteté. Il trouva cela en la personne de Sa'd Ibn Abî Waqqâs (le premier musulman à avoir tiré une flèche pour la cause de Dieu) Et même cette désignation de Sa'd fit l'objet d'une consultation avant de devenir effective.
Lorsque Omar désigna Sa'd, il lui recommanda ceci : « O Sa'd fils de Wouhayb ! Ne laisse pas la prétention et l'orgueil t'envahir parce qu'on dit que tu fais partie de la famille des oncles maternels du Prophète de Dieu ! En vérité, Dieu n'efface pas le mal par le mal, mais Il efface le mal par le bien ! Dieu n'a de lien de parenté avec personne, excepté le lien de l'adoration. Les gens, riches et pauvres, sont tous égaux aux yeux de Dieu. Il est leur Seigneur, et ils sont Ses serviteurs. S'ils excellent, c'est par leur chasteté, et ils ne peuvent atteindre ce qui est auprès de Dieu que par leur adoration. Alors rappelle-toi bien comment était le Messager de Dieu, depuis le commencement de sa mission jusqu'à ce qu'il nous quitte, et maintiens-toi fermement à lui. Voilà à quoi je t'exhorte ! Si tu le négliges et t'en détournes, ton action sera vaine, et tu seras parmi les perdants ! »
Quand 'Omar a nommé Sa'd Ibn Abî Waqqâs à la tête de cette expédition, ce dernier était âgé de quarante ans. Sa'd quitta Médine avec 4 000 hommes, mais à chaque fois que de nouveaux volontaires affluaient, 'Omar les lui envoyait chemin faisant, jusqu'à ce que Sa'd se trouve à la tête d'une armée composée de 35 000 hommes. Cette armée était la plus importante que les musulmans aient réuni pour affronter les Perses.
Mais avant même d'arriver en Iraq, al-Mouthannâ était mort de la suite des blessures reçues à la bataille d'al-jisr (le pont), au mois de safar 14H / Avril 635 ap. JC. Il nous semble intéressant de rapporter l'une des dernières recommandations d'al-Mouthannâ, illustrant le sens des responsabilités de ce Compagnon, qui cherchait constamment à se garantir la satisfaction de Dieu. Il confia à un homme la mission d'informer Sa'd (son successeur) qu'il ne fallait jamais s'aventurer à l'intérieur des terres perses, mais se maintenir à la frontière du pays. Ainsi, lui recommandait-il, si Dieu accorde la victoire aux musulmans, ce qui suivra sera plus facile. Mais s'ils devaient perdre, le fait de rester aux confins du pays leur faciliterait la retraite, et ils sauraient facilement retrouver leur chemin à l'intérieur des régions arabes.
Sa'd attendait un courrier de 'Omar, qui arriva avec la même recommandation : de ne pas se battre contre les Perses à l'intérieur de leur territoire, et de se diriger vers al-Qâdisiyya. 'Omar demandait aussi à Sa'd de l'informer quotidiennement de toutes ses dispositions, et lui fixait le jour où il devait prendre le départ. C'est l'occasion de rappeler ici ce que nous avons dit du calife 'Omar Ibn al-Khattâb : il était le stratège de l'Etat. Parmi les directives qu'il transmit à Sa'd figurait le fait qu'il devait camper là où il était et laisser l'ennemi venir à lui.
Le commandant en chef de l'armée perse aurait préféré, pour cette bataille décisive, rester en attente comme Sa'd, mais l'empereur et les nobles le pressèrent d'en finir avec les musulmans, qui n'avaient pas cessé de harceler les forteresses des nobles et de lancer contre elles des attaques. L'armée perse fut donc la première à prendre l'initiative. Entre-temps Sa'd tenait le calife 'Omar informé de tous les événements et des déplacements de l'ennemi. Cette attente dura un mois, et commençait à agacer Sa'd, mais 'Omar lui demanda d'être patient et d'envoyer à Roustam un groupe de musulmans pour l'appeler à l'Islam, avec deux buts : 1. transmettre le message de Dieu ; 2. semer la panique et le doute dans l'esprit de l'ennemi par cette démarche courageuse.
Sa'd choisit une délégation composée d'al-Moughîra Ibn Chou'ba, 'Asim Ibn 'Amr, al-Moughîra Ibn Zourâra, al-Ach'ath Ibn Qays, 'Outârid Ibn Hâjib, 'Adî Ibn Sahl, Bousr Ibn Abî Rouhm, Hamla Ibn Jouwayya, Handala Ibn ar-Rab', Fourat Ibn Hayyân, al-Ma'ni Ibn Hâritha et Nou'mân Ibn Mouqarrin. Ils quittèrent leur camp et se présentèrent auprès de Yazdgard. Ce dernier réunit ses ministres pour les consulter sur la position à prendre vis-à-vis de cette délégation, puis, finalement, les rencontra.
On fit venir le traducteur, et Yazdgard put ainsi leur demander les raisons de leur venue sur son territoire. Il les menaça, et leur dit qu'ils ne devaient pas profiter du fait que les Perses s'étaient désintéressés d'eux à cause de problèmes internes pour prétendre au trône ! Les musulmans lui firent comprendre ceci par l'intermédiaire de leur porte-parole, Nou'mân Ibn Mouqarrin : « Dieu nous a comblés par Sa Bonté. Il nous a envoyé un Messager qui nous a ordonné de faire le Bien et de nous éloigner de tout ce qui est mal. Il a promis, à celui qui l'aurait suivi, le Bien dans ce bas-monde ainsi que dans l'Au-delà. Il n'a pas cessé d'appeler les siens, au point de devoir les quitter. Puis il a ordonné que l'on se batte contre toutes les tribus arabes qui ne l'auraient pas suivi, et nous menâmes effectivement contre elles des batailles. Certains finirent par le suivre par conviction, d'autres par soumission ; mais tous furent heureux de cette adhésion ; ils devinrent frères grâce à cette foi qu'il nous a transmise. Ensuite il nous a ordonné de transmettre le message de Dieu aux différentes nations, et de les appeler à l'équité et à la foi pure. Et voilà : nous sommes là pour vous appeler à notre foi, qui a embelli ce qui est bien et a rejeté le mauvais. Si vous le refusez, il y a un tribut à payer, et cela vaut mieux qu'un autre mal bien plus grave (la guerre) mais si vous répondez à l'appel (de Dieu), nous laisserons parmi vous des gens qui vous apprendront la Parole de Dieu, et nous quitterons votre pays à condition que vous mettiez en application la Loi de Dieu. Si vous voulez éviter de nous affronter en payant le tribut (al-jizya) nous nous portons garants de votre protection ; sinon, c'est la guerre ! »
La réponse de Yazdgard fut pleine de menaces. Il usa d'un langage humiliant, et leur dit que si ce n'était le respect des traditions, qui veulent que l'on ne tue pas les émissaires, il l'aurait très certainement fait. Puis il leur donna un sac de terre à rapporter à leurs chefs pour leur annoncer que bientôt ils allaient mourir, et que l'armée de Yazdgard les enfuirait sous la terre !
Les musulmans prirent cet acte comme un signe de bon augure, et ils rejoignirent leur campement. Après cette entrevue, Roustam se mit en mouvement avec son armée qui comptait 150 000 hommes, selon at-Tabarî, ainsi que des éléphants. Il se dirigea vers l'Euphrate puis s'avança vers al-Hîra, où il se mit en position face à l'armée musulmane. L'empereur le pressait, mais Roustam cherchait à retarder l'affrontement, car il pressentait la défaite de son armée, surtout qu'il avait bien vu et observé ses ennemis, qui tenaient à la mort plus qu'à la vie, tandis que ses soldats, eux, n'étaient enrôlés que pour défendre les intérêts des nobles !
Roustam eut une nouvelle entrevue avec les musulmans. Sa'd lui envoya Rab'î Ibn 'Amir. Roustam voulut par cette rencontre intimider les musulmans : on dressa les tentes, on déplia les tapis luxueux, et on habilla Roustam de vêtements d'apparat : c'est ainsi qu'ils reçurent Rab'î.
Rab'î arriva dans le camp de Roustam à cheval, les cheveux tressés, une épée à la taille, un arc et des flèches sur l'épaule, et il s'appuyait sur une lance. On l'amena à Roustam, et lui qui s'appuyait sur sa lance, transperça tous les coussins et tapis qu'il rencontra sur son passage !
Ils lui demandèrent pourquoi il avait fait cela, à quoi Rab'î répondit : « Dieu nous a envoyés vers vous, avec pour tâche de faire sortir celui qu'il veut de l'adoration des hommes vers l'adoration du Dieu des hommes, de faire sortir les gens d'une vie d'ici-bas étriquée, vers ce qu'elle offre de mieux, et de faire sortir les gens de l'injustice des autres religions pour les mener vers la justice et l'équité de l'Islam. Dieu nous a envoyés avec Sa religion pour appeler à Lui Ses créatures. Celui qui répond à cet appel, nous accepterons de lui son adhésion et nous le laisserons en paix, tandis que celui qui s'y refuse, nous le combattrons jusqu'à ce que se réalise la promesse de Dieu ! » On lui demanda : « Et c'est quoi, la promesse de Dieu ? » Il répondit : « Le Paradis pour celui d'entre nous qui meurt en combattant les négateurs, et la victoire pour celui qui restera en vie ! »
Roustam tenta d'obtenir un assez long délai de réflexion, dans le but de retarder l'affrontement, mais Rab'î lui fit comprendre que la sounna du Prophète était d'accorder trois jours, pas plus, après quoi ce devait être soit l'acceptation de l'Islam, et les musulmans quitteraient les terres perses, soit le versement du tribut (al-jizya), soit la guerre. Puis Rab'î promit à Roustam que les musulmans respecteraient ce délai, et qu'il en était le garant. Alors Roustam tout surpris lui demanda s'il était leur chef pour émettre de tels engagements. Rab'î lui fit comprendre que la parole donnée par un musulman engageait tous les musulmans !
Il dit : « Je ne suis pas leur chef, mais les musulmans sont comme un seul corps. Ils se soutiennent mutuellement. Le plus bas d'entre eux a le droit de donner asile, et ce qu'il entreprend est respecté par leur supérieur. » (at-Tabarî).
Ensuite Roustam réunit auprès de lui les dirigeants perses et leurs nobles ; il leur demanda conseil, mais ils le pressèrent d'en finir avec les musulmans. Lorsque le délai de trois jours fut écoulé, les Perses demandèrent à Sa'd de leur envoyer le même émissaire, mais Sa'd leur envoya Sa'd Ibn Houdhayfa Ibn Mouhsin, qui leur formula la même position. Puis les Perses demandèrent une autre entrevue, alors Sa'd leur envoya al-Moughîra Ibn Chou'ba. Roustam fit par son intermédiaire la proposition suivante aux musulmans : une parure et un mulet plus mille dirhams à leur chef, un sac de dattes et deux habits pour chaque homme, à condition qu'ils retournent d'où ils étaient venus !
Al-Moughîra refusa l'offre et dit à Roustam : « Sois un serviteur soumis ou paie le tribut (al-jizya) ; si tu t'y refuses, ce sera l'épée ! » Alors Roustam se mit en colère, et jura par le soleil que le lendemain ne se lèverait que sur le cadavre des musulmans ! Sur quoi al-Moughîra s'en alla. Et pourtant, Roustam faisait tout ce qu'il pouvait pour convaincre les responsables de l'Empire d'éviter la guerre contre les musulmans : en vain ! Lorsque les pourparlers eurent cessé, les Perses traversèrent l'Euphrate et engagèrent les premières manoeuvres. Sa'd recommanda aux musulmans de ne pas bouger et d'attendre ses ordres. Durant cette longue attente qui précéda l'entrée officielle des Perses en guerre, Sa'd tomba malade au point de ne plus pouvoir se tenir en selle. Alors il nomma Khâlid Ibn 'Ourfouta comme délégué : il lui transmettait les ordres et Khâlid veillait à la mise en oeuvre des différents mouvements de l'armée.
Avant l'affrontement, Sa'd demanda aux musulmans de lire la sourate du jihâd, la sourate « al-Anfâl » (Sourate 8). Les combattants étaient dans un état de recueillement total, et Dieu a fait descendre sur eux la quiétude. Ils se sont rappelés pourquoi ils étaient venus dans ces territoires lointains, et la mission pour laquelle Dieu les avait choisis entre toutes les nations. Sa'd leur ordonna de rester dans leur position, et de n'engager la bataille qu'après avoir accompli la prière du dhouhr ; lorsqu'il dirait le premier takbîr (allâhou akbar), ils devaient se préparer ; lorsqu'ils entendraient le deuxième takbîr, ils devaient prendre les armes ; au troisième takbîr, les cavaliers devaient se mettre en mouvement, et au quatrième takbîr, avancer vers l'ennemi en disant « Là hawla wa lâ qouwata illâ billahi » (il n'y a de capacité et de force qu'en Dieu).
Lors de cette importante bataille, les Perses utilisèrent des éléphants. Leur présence les avantagea au début de la bataille : ils réussirent à percer les rangs musulmans et à leur infliger de lourdes pertes ; ensuite, les musulmans trouvèrent le moyen de les désarçonner en coupant les sangles des palanquins dans lesquels étaient installés les soldats qui les montaient. Une deuxième fois, les Perses remirent sur le champ de bataille les éléphants, et suite aux conseils donnés par des Perses convertis, les musulmans se débarrassèrent des deux éléphants de tête, ceux qui dirigeaient le groupe des éléphants, en leur crevant les yeux. Ce fut alors la déroute de l'armée perse toute entière.
Le cinquième jour, les musulmans tuèrent Roustam : ce fut Hilâl Ibn 'Oullafa qui le tua, après l'avoir poursuivi dans le fleuve, où il tentait de s'enfuir.
En résumé, cette bataille s'acheva par la déroute totale de l'armée perse. Les pertes musulmanes se soldèrent à 2 500 hommes le jour d'al-harir, et 6 000 hommes le jour d'al-Qâdisiyya. Quant aux pertes perses, elles furent de 100 000 hommes...
La défaite de l'armée perse à al-Qâdisiyya aura des répercussions directes sur l'esprit des musulmans, surtout que Khâlid ibn al-walid (l'héros des batailles) n'y avait pas participé: cela a démontré aux musulmans qu'ils étaient capables de réussir sans sa présence, et que, parmi les musulmans, il y avait encore des héros. D'autre part, la Perse qui avait battu l'Empire byzantin, s'était fait battre par une armée comptant seulement 35 000 hommes et qui ne possédaient qu'un armement limité.
Des tribus chrétiennes d'Arabie qui avaient combattu les musulmans lors de cette bataille, embrassèrent l'Islam après la victoire des musulmans. Après al-Qâdisiyya, Sa'd laissera reposer l'armée pendant deux mois, puis s'avancera vers al-Madâ'in dans le mois de safar 15-16 H / 636-37 ap. JC.
Voici la liste des localités que les musulmans investirent, et où Dieu leur donna la victoire sur leurs ennemis : Babylone, Baharsir, al-Madâ'in extrême, Jaloûlâ', Takrit, Masbadhan, al-Jazîra, al-Ahwaz, Ramahourmouz, Souss, Tastar, Nihâwand ; cette dernière bataille fut appelée fath al-foutoûh, car à sa suite les Perses furent complètement mis en déroute, et ne représentèrent désormais plus une force capable de déranger les musulmans dans leur avancée à travers toute la Perse. Lors de cette bataille, Nou'mân Ibn Mouqarrin fut tué et obtint le martyre pour la cause de Dieu.
'Omar Ibn al-Khattâb a été fort attristé par sa disparition et l'a pleuré. Les musulmans ouvrirent aussi Ispahan, l'Azerbaïdjan, le Khouzistan, ar-Rayy, al-Bab, le Khorasan, Tawwaj, Fassa, Hamadhân, Dar Boujroud, Sijistan, Makran,...
Nous constatons que dans toutes ces batailles 'Omar était toujours celui qui déterminait la stratégie du mouvement de l'armée musulmane, ainsi que les régions à occuper. Nous voyons cela à nouveau après l'ouverture d'al-Madâ'in : il fut informé par Sa'd de ce que les Perses se réunissaient sous le commandement de Yazdgard à Houlwan, alors il ordonna à Sa'd de leur envoyer al-Qa'qâ' Ibn 'Amr et Hâchim Ibn 'Otba à Jaloûlâ' à la tête de 12 000 hommes...
Ceci n'était qu'un aperçu rapide sur la politique de 'Omar Ibn al-Khattâb en matière de foutoûhât et sur sa contribution directe à l'élaboration des différentes stratégies. En vérité nous n'avons pas tout rapporté sur le génie de cet homme illustre, ni sur sa bonté qui se dessinait à travers ses directives aux armées musulmanes que ce soit en Perse, ou lors de la conquête de l'Egypte ou du Châm.
Extrait du livre « Le deuxième calife », de Hassan Amdouni
P.S : Pourquoi les Perses (Iraniens) détestent beaucoup plus Omar Ibn al-Khattab qu'Alexandre le Grand ?